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Walken Production présente
Brume Funèbre

Il courait, sans relâchement, avec une détermination qu’il ne s’était jamais connu auparavant. Cette fois, il y arriverait. Oui, il arriverait à temps. Tout se passerait différemment. Rien ne pouvait l’empêcher d’atteindre son but, car il savait exactement là où il devait aller. Il gravissait la montagne avec une célérité rarement vu chez un simple homme, mu par une force nouvelle : l’espoir. Tout ce pourquoi il s’était battu auparavant n’avait plus aucune importance à ses yeux, car il aimait. Il avait mis du temps à s’en rendre compte, mais cela s’imposait désormais à lui avec une puissante évidence. Tel un héros, un champion des grandes histoires, il sauverait sa belle, prisonnière dans son château, des griffes d’un ennemi cruel et perfide…  

 

* * *  

 

Comment était-ce possible ? Comment pouvait-il rêver de nouveau, alors qu’elle était morte ? S’agissait-il encore d’une prémonition, ou d’une vision destinée à lui redonner la force de se battre ? Songeur, Attila se releva lentement. Sa couchette, rien de plus qu’un amas de paille compacté, dégageait une odeur putride, semblable à celle qu’il avait sentit dans l’antre du Chacal, juste avant qu’il ne s’abatte sur lui avec toute la force de sa haine. À ce souvenir, ô combien douloureux, le milicien fut pris de vertige. Le voyant tituber dangereusement, la servante, qui apparemment l’avait veillé tout au long de la nuit, s’approcha de lui pour l’aider, inquiète. Attila se contenta de la repousser, avec un geste qu’il aurait espéré moins brutal, bien qu’il n’éprouvât aucune sympathie pour cette fille. Celle-ci alla se réfugier dans un coin de la chaumière, penaude, des larmes coulant sur ses joues noircies. Le guerrier essaya de ressentir ses émotions, une pratique que la Prêtresse Ahyan appelait de l’empathie, chose dont il s’était toujours montré incapable, car les humains de Tsikhar ne vivaient généralement que pour eux-mêmes, du moins croyait-il.  

Servante unique de la Prêtresse, la jeune fille qui se nommait Naethiann avait vécu toute sa vie au sommet de la Montagne du Supplice, sa maîtresse devenant de ce fait sa seule famille et sa seule amie, envers qui elle semblait vouer une admiration sans limite. Si Attila lui-même avait versé toutes les larmes de son corps lorsqu’il avait trouvé Ahyan morte, gisant dans son sang au sommet de sa tour, alors qu’il ne l’avait connu que durant quelques jours, et pourtant aimé plus que tout, il pouvait comprendre que Naethiann éprouve autant sinon plus de tristesse que lui. Qu’elle partage également sa volonté de tuer le Chacal de ses propres mains n’étaient donc guère étonnant. Le guerrier devrait maintenant faire avec, car tant qu’il traquerait cet ennemi redoutable, il aurait Naethiann sur les talons, avec son regard farouche et son air esseulé.  

 

S’efforçant de prendre un visage humain devant sa compagne de fuite, Attila fouilla dans son sac et en tira un morceau de pain tari, le dernier de ses maigres provisions, qu’il coupa en deux, donnant la plus grande part à la jeune fille. D’abord hésitante, elle tendit finalement la main et s’empara de la nourriture qu’elle dévora à la vitesse de l’éclair, sans montrer de reconnaissance particulière pour cet acte charitable Bien qu’il ait été châtié et que la milice de Tsikhar soit désormais à sa recherche avec ordre de l’abattre, Naethiann ne faisait guère confiance à cet homme au passé monstrueux, qui avait jadis servit l’Empereur avec un zèle digne de la cruauté des Démons du Nord. Sa rédemption, aussi romantique soit-elle, était entièrement dût au pouvoir d’Ahyan, qui l’avait guidé pas à pas sur le Plateau Cendreux et qui lui avait fait entrevoir la beauté du monde d’autrefois, avant l’intervention de l’Adversaire, du Chacal. Maintenant que sa maîtresse avait quittée les terres mortelles, la servante craignait qu’Attila ne sombre à nouveau du côté obscure. Son seul espoir était la haine qu’il vouait envers le Chacal, l’Empereur et les Démons, qui l’empêcherait sans doute d’exercer sa propre cruauté sur ceux qui partageait ses convictions, c’est-à-dire le peuple et elle-même.  

 

* * *  

 

Narha était de garde pour encore deux bonnes heures. L’océan, calme, ne semblait pas vouloir déverser de nouveaux Démons sur la côte aujourd’hui. La jeune milicienne lui en serait gré. Jamais elle ne s’était engagée sous les ordres de l’Empereur Nerkoss pour combattre de véritables ennemis. Elle espérait simplement s’y assurer une vie confortable, à l’abri de la faim et du pillage caractéristique du royaume. Les femmes dans la milice étaient rares, mais Narha avait su faire montre de persuasion en laissant le capitaine profiter de son corps autant qu’il voulait. Elle tentait toutefois de se convaincre, chaque matin, que son talent y était aussi pour quelque chose. En effet, jamais sa petite taille ne l’avait gêné lorsque venait le temps de terroriser un paysan qui refusait de céder son grain. Face aux Démons du Nord, par contre, c’était autre chose.  

Alors qu’elle ressassait de vieux souvenirs d’une gamine particulièrement fatigante qu’elle avait du assommer pour procéder à une perquisition, Narha aperçut du coin de l’œil son capitaine qui faisait une ronde inhabituelle. À première vue, elle aurait juré qu’il discutait avec quelqu’un, et pourtant il n’y avait personne d’autre dans les environs. Consternée de voir celui qui s’autoproclamait nouveau Chef de la milice de Tsikhar ivre mort de si bonne heure, Narha se détourna et fixa son attention sur l’Océan. Elle ne remarqua donc pas l’étrange créature poilue qui fondit sur l’homme avec une rapidité étonnante, ni la lutte qui s’en suivit, ni la métamorphose de la bête humaine en capitaine de la milice parfaitement sobre…  

 

* * *  

 

Jamais Attila n’avait vu une telle brume recouvrir les terres de Tsikhar. Ils marchaient depuis une heure vers la Forêt des Ombres, bordant par l’ouest le Plateau Cendreux, mais ne voyait guère plus loin que le bout de leur nez, complètement enveloppés par un nuage noir, gorgé de poussière, qui déferlait sur le monde et réduisait à néant les cultures déjà pauvre du royaume. Le guerrier éprouvait une profonde culpabilité, car nul doute que cette sorcellerie était l’œuvre du Chacal, qu’il avait lui-même libéré des entrailles de la terre sous l’influence de cette maudite démone à la voix d’ange. Tuer celui que Naethiann appelait l’Adversaire se révélait de plus en plus capital à mesure que ses agissements se faisaient sentir. Mais comment un simple homme pouvait-il venir à bout d’une si puissante créature, alors que la Prêtresse elle-même n’avait pas pu se défendre convenablement ? Attila espérait trouver réponse chez les habitants de la Forêt des Ombres, la seule forêt toujours debout en Tsikhar et qui abritait, selon les légendes les plus optimistes, des monstres sanguinaires adeptes de nécromancie et de rituels démoniaques. Plus puissants et plus cruels que les Démons du Nord, ils n’avaient jamais agressé les humains du royaume, mais personne n’était jamais revenu d’un périple sous le couvert de ces arbres maudits.  

 

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Attila – Elrico Ridante  

Le Chacal – Raoul Camacho  

Naethiann – Estelle Huntley  

Narha – Isabel Rasmuson  

Capitaine de la milice – Raoul Camacho  

BO du film : Funeral Fog – Mayhem  

 

Suite de Temps et Poussière  

Scénario : (1 commentaire)
une série B d'horreur de Bradley Buxton

Elrico Ridante

Estelle Huntley

Raoul Camacho

Isabel Rasmuson
Sorti le 02 juin 2012 (Semaine 387)
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