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MMP présente
MoTeK

Préfecture de Paris, de nos jours.  

 

L'ensemble de l'équipe d'intervention avait été réunie dans la salle de conférence pour un débriefing avant intervention. L'officier de liaison énonçait les risques d'une opération souterraine dans les catacombes de la capitale - il avait eu ses supérieurs au bout du fil, ces derniers ne souhaitaient pas que tout cela s'ébruite, ordre de l'Elysée - et il priait ses agents de faire preuve de la plus grande prudence. Ils avaient tous entre 21 et 33 ans, portaient des tenues décontractées, certains avaient poussé la ressemblance avec le milieu dans lequel ils allaient se fondre de manière spectaculaire : cheveux en pétard, insignes, tatouages, rat à l'épaule. L'infiltration de cette dizaine d'agents surentraînés devait se faire de manière fluide et harmonieuse : c'était la première fois que l'état Français s'attaquait à MoTeK.  

 

MoTeK, une sorte de divinité crypto-paganiste dont le culte s'était développé de manière foudroyante dans les 6 derniers mois auprès des sans-abris, des exclus et certains milieux populaires ou marginaux désociabilisés. Une force d'attraction que les sociologues qui avaient essayé de l'analyser n'arrivaient toujours pas à décoder. Le culte se réunissait par l'intermédiaire d'happenings initialement interdits par les autorités. Ces interdictions avaient par contrecoup jeté MoTeK dans la clandestinité et les réseaux semi-illégaux. On savait que des groupes corses, basques, voire bretons, anarchistes ou religieux avaient tenté des approches qui s'étaient révélées complètement infructueuses : MoTeK disposait d'une dynamique propre et ne tolérait aucune récupération. C'était en tout cas les informations dont le Ministère de l'Intérieur disposait : elles étaient partielles, rares et contradictoires. D'où l'opération de ce soir qui visait à intégrer le culte de manière graduelle : les cellules du Ministère avaient déjà réussi à intégrer des blogs - chaque agent, ce soir, connaissait son personnage, savait exactement ce qu'il avait dit en ligne.  

 

Parmi eux, le Capitaine Lamar (Nicolas Hartnett), le doyen du groupe, récemment revenu d'Algérie et intégré à la cellule dès son retour au pays. Lamar devenait ce soir Idriss21, un "sage" en ligne qui n'avait qu'une ambition : être intégré à la cérémonie du "Sh'lum", rituel initiatique à base de drogues et de transe - et ainsi présenté aux représentants du culte. Lamar avait vécu l'enfer moyen-oriental (ça ne se passait vraiment pas bien de ce côté du globe) peu de temps auparavant, il n'y avait rien qu'il ne fut en état de supporter. Son mental et son conditionnement issus de la Division Lance le prédestinaient à devenir leader de l'équipe. Il était celui qui prendrait le plus de risque, une chose qui ne lui déplaisait guère.  

Le prochain happening avait lieu sous le Bunker des Chartreux, en plein XVIIIème arrondissement : place chargée d'histoire, bla-bla etc... Ils n'étaient pas là pour faire du tourisme : les premières rumeurs faisaient état de 50 à 150 membres actifs - avec les curieux et zonards habituels, ça montait l'effectif à 300 - 500 même selon certaines sources. Une grosse réunion.  

Ce qui marquait les esprits était le fait que MoTeK ne se soit développé que dans les villes françaises disposant de sous-sols, grottes et réseaux de caves d'importance. Le mouvement était parti de Paris et commençait à s'étendre aux grandes villes de Province : il était trop récent pour que l'on puisse prendre du recul sur sa réelle dangerosité mais l'Intérieur avait été inquiété par la disparition régulière d'individus autour de ses événements. L'Elysée s'était emparée du dossier au moment où Béatrice Xiang (Jewel Mirren), fille adoptive d'un ancien Président, avait été soupçonnée d'allégance à MoTeK.  

 

Le rendez-vous avait été fixé à 02h00 du matin "sur place" - le groupe s'y rendrait par cellules de 2-3 individus, histoire de ne pas éveiller les soupçons des organisateurs ni des Municipaux qu'ils pourraient alors croiser. Lamar accompagnait un jeune couple virtuel de "teufeurs" accro des médecines douces et de gros son électronique. Ils ne portaient ni micro ni arme...  

Parvenus par les égoûts sous les voûtes d'une grande salle sombre et humide, ils avaient appris la délocalisation de la manifestation par SMS sous la maison d'Erik Satie : le musicien avait fait construire un réseau de salles sous son habitation afin d'y donner des concerts privés à la fin du 19ème siècle. Encore un tordu. Pour le moment, ils n'avaient croisé personne de leur équipe et s'étaient fondus dans le petit groupe arrivé au même moment qu'eux. Certains connaissaient bien les lieux. Pour le moment se disait Lamar, rien ne distinguait le public de MoTeK de celui d'une rave-party interdite : beaucoup de jeunes de 17 à 25 ans, peut-être quelques lycéens ou étudiants, la plupart issus des ghettos périphériques mais pas seulement : à leurs discussions, certains étaient de jeunes bourgeois bien intégrés à la recherche du frisson de l'interdit. MoTeK visait peut-être aussi des classes plus aisées. C'était potentiellement inquiétant si le culte se révélait dangereux.  

 

Au bout d'une heure de parcours, ils percevaient enfin le son d'une énorme sono. La "cérémonie" battait déjà son plein sous des éclairages stromboscopiques mais rien ne la distinguait d'une rave, Lamar commençait à se poser des questions sur MoTeK : coup de pub, psychose collective des institutions face à un mouvement "spontané" ? Alors qu'il s'interrogeait, une jeune femme le pris par le bras et commença à danser pour lui. Il reconnut tout de suite Béatrice Xiang, visiblement déjà bien "partie" sous l'effet de psychotropes. Alors qu'ils se noyaient dans la foule des corps gesticulant, elle se rapprocha sensuellement de lui et lui susurra :  

"- Je suis là pour le Sh'lum - les boissons qu'ils m'ont données me permettent de percevoir que toi aussi, tu es ici pour la même raison..."  

Au bout d'une heure d'un body-body effrené, Xiang rapprocha Lamar d'un petit groupe d'hommes resté en retrait. Elle s'adressa directement à eux :  

"- J'ai trouvé mon partenaire de Sh'lum..." Ils tendèrent au jeune espion une bouteille qu'il vida d'une traite. Aussitôt, Lamar sentit le sol se dérober sous lui. Xiang continuait à lui tenir le bras et semblait "tomber" avec lui. Comme deux feuilles qui seraient tombées d'un arbre, ils lévitèrent un instant avant de se poser sur un sol.  

 

Ils n'étaient plus dans les caves de Satie, plutôt dans une sorte de chapelle antique au coeur de laquelle on avait édifié un autel. Derrière l'autel, une structure métallique sphérique palpitait d'une étrange lueur. Toute musique, toute foule avait disparu : ils n'étaient plus qu'une dizaine en face de l'autel. Il semblait à Lamar que les différentes parties de la sphère se déplaçaient continuellement. Quoi qu'il en soit, son opinion était faite : MoTeK et son culte étaient plus que dangereux, ils pouvaient carrément menacer les fondations de l'humanité. Un homme encapuchonné venait de monter sur l'estrade. Il dévoila un poignard courbe sous les murmures de l'assistance. Sur cette arme avait été gravé d'étranges signes. L'individu sembla s'adresser aux personnes présentes - Lamar ne pouvait percevoir qu'un murmure mais il lui semblait que les paroles de l'homme lui étaient susurrées à l'oreille :  

"- Sh'lum est le Sacrifice avant la Renaissance - tu as décidé du Don de Toi pour la Gloire de MoTeK - tu vivras ainsi éternellement en Lui."  

Le Capitaine Lamar commenca à suer à grosses gouttes tandis que derrière lui s'échappait une singulière mélopée : "MoTeK, MoTeK, MoTeK, MoTeK"...  

 

(Script original)

Scénario : (2 commentaires)
une série Z d'animation (Cellshading 3D) de Edward Buxton

Nicolas Hartnett

Jewel Mirren
Sorti le 16 novembre 2013 (Semaine 463)
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