La morale de cette histoire : il ne faut jamais embêter un conducteur en plein bouchon de circulation.

Mais commençons par le début, si vous le voulez bien, en ce 16 juin 2005.

Johny, un homme d’affaire stressé mais néanmoins trop sûr de lui, avait cette journée là un important conventum sur la mise en marché d’un produit pharmaceutique pour soigner les tendinites. Un peu trop pauvre pour se payer un appartement en ville, Johny vivait sur la rive sud du fleuve et devait ainsi se taper une heure de route par jour qu’il passait en majorité pris dans les bouchons de circulation incroyable du Pont Jacques-Cartier. Mais aujourd’hui, c’était pire que tout. Déjà trop pressé pour écouter les nouvelles de la circulation à CKOI (il écoutait dans ces situations le CD «Houses of the Holy» de Led Zeppelin), Johny se retrouva bien malgré lui à l’entré du pont dans un véritable embouteillage post-apocalyptique. Un accrochage entre un poids lourd et une mini-fourgonnette dans la voie du centre paralysait totalement les centaines de voitures entre-serrées sur la masse squelettique surplombant le fleuve St-Laurent.

Désespéré, Johny appela sur son Nokia son associé Billy Oualker et lui demanda de faire tout en son possible pour retarder la réunion. Impossible. Les hauts actionnaires américains étaient déjà arrivés, billet du vol de retour en main, prêt à entendre ce que Johny avait à dire. Ce-dernier envisagea plusieurs solutions à son problème : se jeter en bas du pont, monter sur la voie réservée aux transports en commun, essayer de faire demi-tour et de prendre un autre pont et finalement, se faufiler avec sa berline économique entre les voitures en suspens. Cette dernière alternative lui sembla, sans raison vraiment cohérente, être la bonne. Il entreprit donc ce périple audacieux.

Tout alla bien pendant une centaine de mètres. Certes il se prenait des coups de klaxon au visage, mais ce n’était pas si humiliant. Tout bascula cependant lorsque, distrait par la symbiose instrumentale Zeppelinienne, il effleura une Mercedes d’une classe assez appréciable. Apeuré, il regarda le conducteur pour voir de quoi il en retournerait. Il vit immédiatement que c’était une petite blondinette à l’air inoffensif et soupira de soulagement. Seulement, la petite blonde sortit sans prévenir de sa voiture, se campa fermement devant celle de Johny, bâton de baseball en main, et commença à frapper lourdement le capot jusqu’à destruction quasi complète.

Surpris par la situation, Johny ne bougea pas jusqu’à ce que la jeune femme s’arrête. Un autre conducteur s’approcha d’elle et tenta de la raisonner. Il eu droit en retour à un crane fracassé et six côtes fracturés. Pendant sont réarrangement, Johny en profita pour faire marche arrière et disparaître le plus rapidement possible de la vue de cette maniaque-compulsive. C’était peine perdue. Elle avait encore un sentiment de vengeance au fond d’elle et devait l’assouvir immédiatement. C’est ainsi que commença une incroyable chasse-poursuite sur la rive sud de Montréal, pour un banal accrochage mineur sur un pont.

C’est après cette histoire que Johny pris conscience de la morale relatée plus haut, mais était-il trop tard ?