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Walken Production présente
La Céleste Mélodie

La première fois que je l’ai vu, mon cœur a cessé de battre. Trois ans plus tard, après un miracle de chirurgie et un long coma, voilà que je la revoie de nouveau. Enfin!  

Je ne conserve aucun souvenir des événements de ma vie avant l’instant fatidique où j’ai été tué. Tout ce dont je me rappelle, c’est de cette douce voix réconfortante et de ce visage angélique, qui me sont apparus telle une bénédiction divine, suivi d’une grande noirceur, et d’un dernier battement de cœur, de mon cœur, de son cœur, de nos cœurs battant à l’unisson. Aujourd’hui, elle est là, à mon chevet, comme si depuis tout ce temps elle ne m’avait jamais quitté, veillant sur moi comme un ange gardien. Je ne pense pas avoir jamais cru en Dieu, en la Providence et aux Miracles, mais il semble que le vieil adage disait finalement vrai : « À l’heure de la mort, l’apparition du Christ glorieux révèle la vérité tout entière ». En effet, désormais, je crois.  

Mais ce pourrait-il que je fasse fausse route ? Peut-être est-elle là pour achever son travail. Qui sait ? Moi, je l’ignore, et il m’est malheureusement impossible de lui demander la raison de sa présence à mes côtés. Selon toute apparence, je suis muet. L’étais-je déjà à l’époque où on m’a assassiné ? Encore un domaine où je reste sans réponse.  

 

Plusieurs heures passent et j’obtiens finalement la permission de me lever, de m’habiller et de quitter cet hôpital sinistre m’ayant servi de maison durant trois longues années de sommeil. Je manifeste mon appréhension et mon ignorance de ma vie antérieure, mais les infirmiers me jettent des regards pleins d’une douce compassion bienveillante. Mon ange gardien me prend par l’épaule et m’escorte doucement vers la sortie, me murmurant à l’oreille des mots de réconfort, m’assurant que les autorités compétentes ont acceptés de me confier à elle et que je ne cours aucun danger. Je ne veux, et ne peux, que la croire. Nos cœurs battent toujours à l’unisson, et j’entends leur rythme dans l’air ambiant, résonnant telle une grandiose et somptueuse mélodie céleste.  

 

Nous sommes assis à une petite table, dans un café. Elle m’y a emmené, prétextant qu’il serait bien pour moi de prendre un bain de foule après un si long coma et une si terrible aventure. Selon elle, je souffre, ou souffrais, d’une maladie mentale légère, affectant mon comportement en société. Elle me dit vouloir que je reprenne ma vie le plus normalement possible, qu’elle s’est même donnée une mission en ce sens. Je me demande si ce n’est pas en réalité Dieu qui lui a confié celle-ci. Je ne me souviens peut-être pas de ma vie passée, mais je sais que cette femme n’en faisait pas partie avant les derniers instants. Je l’interroge du regard sur son identité, sur la mienne, sur le pourquoi de sa présence, sur mon assassinat. Elle reste évasive. Délicieusement évasive. Elle me cache tout mais je ne ressens aucune frustration. Je suis même satisfait de ses réponses qui ne veulent rien dire. En fait, tout cela n’a aucune importante. Mon unique souhait désormais est de passer le plus de temps possible avec elle, tout en me reconstruisant une vie, sans considération pour mon ancienne, morte et enterrée. C’est à tout le moins ce que je crois souhaiter. Comment réfléchir rationnellement quand on est complètement aveuglé par… l’amour ? La béatitude ? Dieu ?  

 

Nous quittons finalement le café, l’incessante mélodie du bonheur accompagnant chacun de nos pas sur le boulevard bondée de voitures et de passants, tous aussi sourds que je suis muet. Mon ange me guide toujours avec douceur vers l’endroit où nous sommes supposés vivre quelques jours, avant de retourner dans ma demeure d’origine, celle que je possédais avant ma mort. Elle me dit ne pas vouloir brusquer les choses, que le retour dans cette maison risquerait de me causer un trop grand choc, que je ne suis pas encore prêt. Sans doute est-ce là que j’ai été assassiné, penses-je. À moins que ce ne soit autre chose. Comment saurais-je ?  

 

Je rentre dans le petit appartement qu’a loué l’ange. Il est situé au septième étage d’un immeuble à logement relativement propre. Je ne reconnais aucunement l’endroit. Chose normale, puisque je n’y ai sans doute jamais mis les pieds depuis ma naissance. Je visite rapidement l’espace qui nous est alloué. Un petit vestibule sombre, une cuisine purement fonctionnelle, un salon où se trouve un écran de télé semblable à celui qui affichait mes pulsations cardiaques à l’hôpital. Tout est d’un blanc immaculé, et la lumière qui pénètre par les fenêtres est aveuglante. La femme me pousse vers la dernière pièce : la chambre à coucher. Je ressens une certaine forme d’excitation, difficilement identifiable. Le battement de mon cœur s’accélère, celui de l’ange également. Le rythme accélère. La mélodie céleste résonne plus fortement autour de nous. L’espace se resserre, la lumière défaille. Je pénètre dans la chambre. Vision d’horreur. Du sang. Des litres de sang, partout, sur les murs, le plafond, le plancher. Sur le lit se trouve une incroyable créature, atrocement mutilée, morte depuis plusieurs jours. Un frisson part du sommet de mon crâne et descend le long de mon dos et de mes jambes jusqu’à mes pieds. Je reconnais son visage… angélique. Je me retourne. Il n’y a plus personne. Je suis seul. La mélodie est morte. Je me dirige tranquillement vers le lit…  

 

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Narrateur : Sean Salmon  

L’Ange : Demetra Hardy  

BO du film : Where Dead Angels Lie - Dissection  

Scénario : (3 commentaires)
une série Z thriller (psycho-mystique) de Mike Cooran

Sean Salmon

Demetra Hardy
Sorti le 23 juin 2012 (Semaine 390)
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