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Walken Production présente
Mort, Transperce-moi

Elle me regarde. J’ignore où elle se trouve, mais je ressens sa présence, ses yeux posés sur moi, son regard perçant. Je suis trempé, trempé de sang. Je marche et derrière moi s’étend une longue traînée écarlate. Je suis épuisé. L’adrénaline est passée et je me sens plus las que jamais. Je m’étends sur le trottoir désert, à l’ombre d’une haute haie de cèdre. Il fait froid, mais cela ne me dérange guère. Je sens ma mort venir. J’entends de lourds pieds bottés heurter le sol avec violence, se rapprochant inexorablement de moi. Je souris. Elle me regarde encore.  

 

* * *  

 

À peine levé, ce matin là, je savais que c’était mon dernier jour passé sur terre. Je n’aurais su à ce moment expliquer pourquoi, mais ma conscience souffrait d’une grande détresse et je ne pouvais concevoir que j’y survivrais. Sitôt vêtu et lavé, ma décision était prise. Je devais sortir de ce bâtiment de malheur. J’en avais assez des tests, des interrogatoires, des repas infects, de ces murs blancs capitonnés, de cette absence de crochet au plafond. Tout me répugnait. Je vomissais la vie et tout ce qui y prenait place. J’avais envi de goûter au sang, de faire régner le chaos une dernière fois avant de rendre l’âme. J’allais faire découvrir au monde le vice le plus malsain, la destruction la plus violente, la haine la plus absolue. J’allais répandre la douleur sur mon passage et récolter la mort pour m’en nourrir, une dernière fois avant de rendre l’âme.  

 

Cela me prit un peu plus de deux heures avant de pouvoir enfin mettre les pieds à l’extérieur. Je saignais un peu sous l’œil droit : le résultat d’une bagarre avec un employé zélé qui ne pouvait pas comprendre sa propre stupidité. Il avait contribué à ma colère et avait même accéléré le processus que je m’apprêtais à mettre en œuvre. En marchant d’un pas rapide vers la ville, je jouais nerveusement avec ses doigts, les portant périodiquement à ma bouche pour gouter le sang qui en coulait. Mes yeux était exorbités et me faisait mal. Je devais me calmer. La colère était un sentiment trop commun, trop répandu, pour que j’y succombe. C’était la haine qui devait m’envahir, au plus profond de mon être, dans toutes les parcelles de mon corps et de mon esprit.  

 

Je m’installai au pied d’un arbre dans un parc public et tentai de méditer calmement. C’était impossible, avec tous ces enfants qui jouaient bruyamment autour de moi. Ces enfants… J’étais déjà debout avant même de m’en apercevoir. Inconsciemment, je marchais vers un pâté de maison en bordure du parc. J’entrais dans une cour, escaladais une clôture et cherchais autour de moi. Ayant trouvé un objet satisfaisant, je retournais déjà vers l’arbre du parc, les yeux tellement exorbités qu’ils menaçaient d’aller rouler sur le sol devant moi. Je repris conscience au moment même où j’élevais la hache au dessus de ma tête. D’un mouvement lent, mais avec force, je l’abatis sur la jeune fille qui m’avait empêché de méditer avec ses cris et ses rires joyeux. Je vis avec satisfaction sa tête s’ouvrir en deux portions égales, sa petite cervelle réduite en bouillie sous la puissance de mon coup. Une marée de sang me gicla au visage et dans ma bouche ouverte. Je goûtai avec délectation ce liquide chaud et agréable, déjà prêt à passer au suivant.  

 

Avec un peu de chance, ma violence me serait remise au centuple à la fin de la journée.  

 

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Narrateur – Charles Staite  

Enfant – Jessica Bremner  

BO du film – Dead, Pierce Me – Silencer  

 

Librement inspiré par Nattramn du groupe Silencer  

Scénario : (1 commentaire)
une série Z d'horreur (misanthropique) de Joan Bremner

Charles Staite

Jessica Bremner
Sorti le 30 juin 2012 (Semaine 391)
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