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MMP présente
Boucherie - Vous êtes la viande

Il a mal à la tête. Il est complètement dans les vapes et cette odeur - bon sang, qu'est-ce que c'est que cette odeur ?!? Une pièce métallique lui bloque la vue, il est assis, nu comme un ver sur une chaise - partout il peut sentir le métal froid : sur les entraves de ses poignets et ses pieds, sur son siège, sur le dossier. Le froid. La mort.  

Il vient juste de se réveiller - il ne faut pas qu'il panique, il reprend son souffle comme son prof de zazen le lui a enseigné, il régule les pulsations de son coeur. Autour de lui, il entend des mouches. Elles ne tournent pas autour de lui, probablement plus attirées par... cette odeur. Pas une odeur de pourri, non - plutôt celle du sang, et encore il n'en est pas sûr - pas le genre de chose à laquelle il est habitué.  

Une sirène retentit partout dans la pièce - il sursaute - hurle quand il s'aperçoit qu'il peut parler. Il continue à appeler à l'aide plusieurs minutes après que la sirène se fut tue.  

 

Des pas au loin, qui se rapprochent. Au secours. Il crie à nouveau, sa voix étouffée par l'angoisse. Un rideau métallique que l'on soulève, des clés qui tournent dans une serrure, une porte qui grince. C'est pas possible, si on l'a vu et qu'on ne l'a pas détaché, c'est parce que...  

On vient de lui retirer le casque métallique qui obscurcissait sa vision. Devant lui se tient un solide gaillard entre deux âges. Il est en train de s'allumer une cigarette, tire une taffe, la lui propose. Lui décline presque instinctivement : il a arrêté ça fait bien longtemps. L'homme a allumé une petite lumière - on se trouve dans une sorte d'atelier, à peu près plongé dans l'obscurité. Lui ne distingue pas très bien - ses yeux doivent s'adapter à ce nouvel environnement - mais il lui semble que les mouches sont plutôt concentrées vers...  

Une amoncellement.  

De cadravres.  

Humains.  

C'est ça l'odeur. Des cadavres. Mais pas encore pourris. Combien y en a-t'il ? 3 ? 4 ? Les ombres jouent avec ses sens. Il décide de se concentrer sur son ... sur le gars rentré - on va dire que c'est son ravisseur. 1h85, blond, de petites lunettes, une barbe pas très bien entretenue, une carrure de joueur de Foot, un tablier. Tâché de sang. Qui vient de poser une boite à outils sur le bureau. Il en sort une seringue qu'il remplit d'un liquide. Il prend son temps, ses gestes sont calculés.  

 

Lui se présente - il veut parler, il veut se convaincre qu'il est encore en vie.  

Débute alors un long monologue (sa voix résonne à la manière d'une caverne - ou alors c'est l'angoisse qui modifie son timbre) : il se nomme Andrew Davies (Daniel De La Boulaye). Il est arrivé récemment à New-York avec son amie Laurene (Annette Myranda). Ils sont jeunes, ils sont beaux, en pleine ascension sociale. Pourquoi ici ? Parce que la Grosse Pomme est la capitale mondiale de la sape. Ils ont quitté leur job chez un grand couturier anglais et sont désormais fashion designers indépendants. C'est important, l'indépendance, dans leur métier.  

A peine avaient-ils débarqué dans leur loft - attention : ce sont deux vrais amis, il n'y a rien de sexuel entre eux - qu'il en est ressorti pour aller visiter leur futur magasin/atelier/studio photo qu'ils vont louer. 3 minutes de métro, un passage chez le proprio, visite du quartier - identique à la description du site web, ça fait plaisir de tomber sur des gens sérieux - arrivée dans le bel immeuble 19ème restauré au coeur d'un quartier à forte densité étudiante. Visite des lieux, remise des clés. Jusque là, la journée était franchement cool.  

Comme il avait plutôt bien trouvé sa route à l'aller, il décidait de revenir à pieds - c'est là qu'il avait croisé cette bande de jeunes hippies qui lui avait offert à boire dans leur café...  

 

L'homme qui préparait patiemment sa solution venait de tourner la tête vers lui. Il se rapprocha. Huma l'haleine d'Andrew, retourna vers sa boîte à outils et en ramena un alcootest électronique qu'il lui présenta.  

 

"- Souffle."  

Andrew souffla dans l'embout.  

Bip.  

"- 1 gramme."  

L'homme lui jeta un regard un peu haineux - à la limite de la gêne. Ca avait vraiment eu l'air de l'embêter. Il prit la chaise d'Andrew, débloqua ses roulettes, et le déplaça au fond de la pièce, passant par des montagnes de palettes. C'était une sorte d'entrepôt d'usine désaffectée. Après l'avoir bloqué sur un coin de mur, il repartit vers son atelier.  

Une porte que l'on ouvre.  

Un rideau que l'on referme.  

 

Andrew était à nouveau seul dans le noir, pétrifié par le froid, incapable de se libérer de ses entraves : la situation n'avait pas beaucoup progressé, sinon qu'il est probable que son taux d'alcoolémie venait de lui sauver la vie - une première ! Comme il ignorait combien de temps il était resté KO (d'ailleurs après sa rencontre avec la jeunesse dorée et avinée de NYC, il ne se souvenait plus de grand'chose), il espérait que Laurene s'inquiéterait de son absence et remonterait sa piste, appelerait les flics. Surtout les flics. Ou le FBI. Ou Gary Sinise pour venir le sauver. Hinhin. Il en arrivait presque à faire de l'humour. Si la situation n'avait pas été auss...  

Minute - son geôlier revenait. Et pas seul : il poussait une chaise métallique à roulettes aussi grinçante que la sienne - Andrew, de sa place, n'avait aucune possibilité de voir ce qui se passait.  

 

C'était une femme - elle implorait sa pitié dans un anglais de carnaval entrecoupé de sanglots et de prières en quelque chose qui ressemblait à de l'espagnol - ou du portugais peut-être...  

"- Souffle."  

Le geôlier avait parlé.  

Bip.  

Un silence. L'homme avait bougé sa boîte, la femme s'était remise à pleurer, hurler, psalmodier. Peu à peu, Andrew l'avait entendue se calmer. Au bout de 5-10 minutes, elle ne disait plus rien.  

Le silence. A peine entrecoupé par le claquement d'un briquet. Suivi de cette odeur caractéristique de la cigarette qui vient d'être allumée.  

 

Un bruit de clés. 4 claquements de ressorts. Un frottement sur le sol. Un corps que l'on pose sur une table.  

Le démarrage d'une tronçonneuse.  

Qui a des ratés. Et qui s'arrête.  

"- PUTAIN DE JOURNÉE !!!"  

Un outil que l'on pose violemment sur un atelier pour le démonter...  

 

Ce qu'Andrew avait entendu était suffisant pour le convaincre de ne pas s'éterniser ici. Il devait se libérer pas tous les moyens. Il ignorait juste comment : qui était ce type, pourquoi l'avait-il choisi, et ce qu'il faisait des cadavres importait peu. La survie, seule la survie importait désormais. Par tous les moyens.  

 

(Script original)

Scénario : (2 commentaires)
une série Z d'horreur de Jean Salvin Mareau

Daniel De La Boulaye

Annette Myranda
Sorti le 29 juin 2013 (Semaine 443)
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