Les drones. Immanquablement suivis des immenses Helico-Chargers qui déversent sur eux leur flots de napalm et de produits toxiques.  

Ils sont obligés de fuir. S'ils ne deviennent pas fous à cause du bruit des rotors, des explosions ou suite aux blessures infligées lors des bombardement, ils ne sont pas assurés de vivre pour autant.  

Eux, c'est la petite communauté de Yorin (Barry Tudyk), ancien "plus jeune homme-médecine" de sa région. Et le reste de sa famille : sa femme Idriz (Demetra Miller), de dix années son aînée comme l'exigeaient leurs traditions familiales, leur fils Chura (Colin Jarred), quelques cousins et leurs enfants.  

Plusieurs des fuyardes sont enceintes. Il devient difficile de les protéger.  

Chaque soir, les foetus sont enterrés afin qu'ils puissent se régénérer dans la Mère Nourricière, avant de revenir dans la matrice maternelle au lever du soleil. Mais difficile en ces temps troublés de tomber sur un carré de terrain pas encore empoisonné par les méfaits de leurs envahisseurs : le sol, l'eau, l'atmosphère - tout est engagé pour les tuer.  

Les autres - ils sont arrivés sans prévenir un beau jour, tels des chevaliers teutoniques d'un nouvel âge glorieux dans de gigantesques vaisseaux. Au début, leur apparence humanoïde commune les a rapprochés. Mais quand "ils" se sont rendus compte que l'enfantement ne se déroulait pas selon leurs règles, les relations ont tourné au vinaigre.  

La société de Yorin était ancrée dans des traditions séculaires qui avaient limité leur progression tant technique que sociale. C'était le prix à payer disait-on, pour vivre en harmonie avec l'environnement. C'était pourtant ce qui les avait perdus et permis aux autres de réduire à néant leur population. En une semaine, ils étaient devenus maîtres d'une planète autrefois paisible et édénique.  

Mais pour y faire quoi ? Yorin l'ignorait, tant il ignorait les richesses que recelait leur sol - les autres n'étaient pas venus là par pure bonté d'esprit ou pour un premier contact humaniste : ils y avaient trouvé surtout leur propre intérêt économique, énergétique. Avant la guerre, Yorin avait eu vent de rachats de terre massifs à de soit-disant but "d'implantation" et de zones dans lesquelles leur peuple n'avait plus accès.  

Aujourd'hui donc, de leur fameux peuple, il ne restait plus qu'eux... et probablement une poignée d'autres - mais comment savoir : les sages des villages environnants ne se réunissaient que tous les trois mois pour aplanir les difficultés tribales qui pouvaient apparaître... Les autres les avaient étudiés en une vitesse record avant de tenter de les corrompre. Et finalement choisir une solution de facilité à leur yeux : le génocide.  

Les "Chargers" comme ils s'appelaient les bombardaient sans relâche depuis bientôt six mois, des milliers - voire des millions - de kilomètres carrés de forêt dense et luxuriante avaient été réduits en poussière. C'était miracle qu'ils aient été encore en vie. A croire qu'ils les surveillaient et les maintenaient dans cet état de fébrilité - mais pour quoi encore ? Est-ce qu'ils souhaitaient que leur groupe prenne une direction particulière ("ils" avaient sciemment bloqué certains accès) vers un piège. Ou bien par sadisme ? Au sein de leur groupe, des tensions de plus en plus vives apparaissaient. Le cauchemar n'était pas tant cette extermination que la manière dont elle avait profondément changé leur comportement, passant ici d'une agréable naïveté joviale à la survie la plus égoïste. Idriz et Yorin avaient pour mission de maintenir la cohésion du groupe. C'était une question de principe, puisque les traditions étaient mortes.  

S'ils se désolidarisaient aujourd'hui, ceux qui se prétendaient "Humains de la Terre" auraient définitivement gagné.  

(Script original - Produit au sein du Studio Laure Pariseau)