Cinejeu.net : devenez producteur de cinéma ! (jeu en ligne gratuit de simulation économique)

MaNyla Productions présente
Dernier Flow

Dans les années 90, Nico, Yann et Farès, trois potes d'enfance, se sont mis en tête de créer un groupe de rap. Influencés par cette mode venue des USA, les trois amis se sont mis à écrire des textes parlant de leur quartier, de leurs rêves et colères.  

Chantant avec une énergie brute et sincère, ils ont rapidement réussi à se faire un nom et commencent à remplir des petites scènes montées à l'arrache sur des parkings, des salles organisant des concerts clandestins.  

Mais à l'approche du succès, des brouilles entre Yann et Farès ont précipité la chute du groupe et leur séparation.  

Au départ les trois amis essayaient de se voir fréquemment chaque année, sur l'impulsion de Nico qui tentait de sauver les apparences et de faire en sorte que Yann et Farès se fassent la paix.  

Puis ce n'était plus que quelques fois par an. Aux anniversaires et à Nouvel An.  

Avant qu'ils finissent par se voir uniquement pour le Nouvel An pendant un certain temps. Nico, lassé d'être le seul à faire des efforts, pris entre deux chaises, fini par laisser tombé.  

 

Nous sommes en 2025, Leur groupe est tombé dans l'oubli.  

Nico est marié, père de deux enfants, dont Louise, il est restaurateur ainsi que président et coach dans un club de foot local.  

Yann, grande gueule à la dérive, a longtemps enchaîner les petits boulots avant de devenir chauffeur uber. Il n'a jamais demandé d'aide à qui que ce soit, bien trop fier.  

Farès est décédé, frappé par la maladie. Avant de mourir, il a écrit une lettre pour ses amis.  

Pleine de regrets mais également d'amour pour ses potes qu'il n'a plus vu depuis des années, leur demandant de se revoir et de faire cette paix qu'ils auraient du faire bien plus tôt.  

 

 

Le ciel était d’un gris uniforme, comme si même les nuages portaient le deuil ce jour-là.  

Un vent léger faisait danser les feuilles mortes entre les allées du petit cimetière de banlieue. On entendait que le froissement des manteaux et les pas feutrés sur le gravier.  

Devant la tombe fraîchement creusée, un groupe d’une trentaine de personnes formait un cercle discret.  

Nico (Antonio del Monte) se tenait droit, mains jointes devant lui. Son visage, habituellement détendu, portait une expression fermée. À ses côtés, sa femme lui tenait doucement le bras. Leur fille, Louise (Amy Neil) regardait la scène avec cette gêne silencieuse qu’ont les adolescents face à la mort.  

Yann (Chris Abrams), costume noir mal repassé, lunettes de soleil masquant mal ses traits tirés, était un peu en retrait. Il ne bougeait pas, fixant le cercueil comme si un pan entier de son passé était en train d’y être enfermé pour toujours.  

Devant eux, l’imam récitait une prière avec douceur.  

Puis, le silence.  

Une jeune femme s’avança.  

Anissa (Naomie Corner), vingt ans à peine, les traits tirés par la peine, les lèvres serrées pour ne pas trembler. Elle tenait une rose blanche entre ses doigts.  

Ses pas étaient lents, presque solennels. Elle s’approcha du cercueil, y déposa la fleur et posa un baiser du bout des doigts sur le bois verni.  

Les sanglots montèrent dans la gorge de quelques proches.  

D’autres détournèrent les yeux, incapables de soutenir le chagrin d’Anissa. Nico sentit son propre cœur se serrer. Il revoyait Farès, trente ans plus tôt, en studio, casquette à l’envers, sourire insolent, gueulant dans le micro comme si le monde entier l’écoutait.  

C’était une autre vie.  

 

Sur le parking du cimetière, les gens commençaient à se disperser, échangeant des poignées de main discrètes, des tapes dans le dos et des mots convenus.  

Nico, après avoir salué la famille de Farès, rejoignit Yann, appuyé contre sa vieille berline, les bras croisés. Nico s’adossa à côté de lui, les yeux rivés sur la tombe au loin.  

Ils échangèrent un sourire triste.  

Un silence entre deux vieux amis qui n’ont plus besoin de combler les vides.  

Les derniers proches s’éloignaient, la mine grave, les phares de leurs voitures perçant la grisaille. Le parking presque vide résonnait du bruit sec des graviers sous les pas.  

Nico s’apprêtait à rejoindre sa famille mais voyant que Yann restait là, les mains dans les poches, il hésitait.  

Yann pencha un peu la tête.  

"Elle lui ressemble." déclara-t-il soudainement, les yeux rivés sur une silhouette assise sur le muret à l’entrée du cimetière.  

Anissa, seule, casque autour du cou, les bras croisés, le regard perdu quelque part entre le béton et le ciel.  

"C’est clair. Même regard. Même façon de se renfermer sur soi-même." répondit simplement Nico en se mettant également à regarder la fille de leur ami.  

Yann tira une cigarette froissée de la poche de sa veste, la fit tourner entre ses doigts, puis la rangea sans l’allumer.  

"Tu savais qu’elle rappait ?"  

Nico haussa un sourcil.  

"Sérieusement ? répondit-il.  

"J’l’ai vue y a quelques mois. Par hasard. Dans une espèce de battle derrière l’ancien parking du centre commercial. Elle était là, au milieu d’un cercle de gamins, et elle a balancé un couplet… Putain, Nico. Elle a du feu dans les veines. Le même que Farès. Peut-être pire."  

Yann regardait son ami avec un grand sourire et les yeux humides.  

Les deux amis continuaient de parler du passé et de leur ami Farès qui n'avait jamais parler de son passé de rappeur à sa fille.  

 

 

Quelques jours après l’enterrement, la vie avait repris son cours, du moins en apparence. Pour conjurer la morosité, Nico avait invité tout le monde à une après-midi barbecue dans le jardin derrière son restaurant, fermé pour l’occasion. Les familles s’étaient retrouvées pour souffler un peu après l’enterrement de Farès, dans une atmosphère à la fois douce et pleine de souvenirs.  

Le soleil tapait doucement, les rires d’enfants couraient entre les tables. Un vieux morceau de funk flottait dans l’air depuis une enceinte posée sur un muret, pendant que la fumée du barbecue s’élevait paresseusement. Nico, tablier autour de la taille, tournait les brochettes comme s’il dirigeait une équipe en finale de coupe.  

"Attention, les merguez, c’est comme le ballon, faut les faire tournées !" hurla-t-il en direction de ses proches en riant, la chaleur mêlée à la bière n'était pas un bon mélange. Louise levait les yeux au ciel, exaspérée par la blague de son père, alors qu'elle faisait signe à Anissa de la suivre.  

Elles montèrent discrètement les marches grinçantes qui menaient au grenier. L’endroit, faiblement éclairé, sentait le vieux bois et la poussière. Louise se baissa et tira une malle en métal cabossée.  

Louise était tombée dessus par accident alors qu'elle cherchait après des choses à vendre sur vinted pour se faire un peu d'argent. Anissa se demandait pourquoi en faire toute une histoire de mystère mais Louise ne démordait pas, elle n'aurait jamais cru ce qu'elle avait vu si elle ne l'avait pas vu de ses yeux vus. Cette phrase faisait comme l'effet d'un bug dans la tête d'Anissa.  

Elle ouvrit le coffre dans un nuage de poussière. À l’intérieur c'était un voyage vers une autre époque, des cassettes, des vinyles, une veste trop large aux couleurs criardes, un collier à grosse chaîne dorée, des photos d’époque avec Yann et Farès, jeunes, en pleine pose de rappeurs, avec des pancartes “B.R.U.T” écrites au feutre.  

Anissa n'en revenait pas, c'était lui... c'était vraiment lui, son père aux côtés de Nico et Yann.  

Louise sortit une vieille cassette DV et la glissa dans un petit lecteur portable planqué dans le coffre. L’image sauta quelques instants, puis apparut : Farès, jeune, en train de balancer un freestyle dans une rue avec Yann derrière lui, et Nico qui tapait la mesure avec un couvercle de poubelle comme beatbox. C’était brut, maladroit, mais vibrant.  

Louise regardait en coin vers Anissa qui fixait la vidéo avec un sourire naissant sur le visage.  

"Ils étaient bons" murmura Anissa, la voix noyée dans une montée d'émotion tandis que Louise sortait un micro et un vieux boombox avec un grand sourire malicieux, expliquant son plan afin de piéger son père et Yann pour qu'ils fassent quelques rimes, lorsqu'ils seront bien chauds après la bière et les brochettes.  

 

La journée était bien avancée. La table était bruyante, joyeuse, un peu éclatée par les rires et les assiettes encore pleines de salade de pâtes. Nico s’essuyait les mains sur son torchon, fier comme un coq devant le succès de ses brochettes.  

Louise et Anissa échangèrent un regard complice. Il était temps.  

"Pap, j’ai montré une vieille photo à Anissa. Celle où t’as un bob rouge et une veste avec des flammes."  

Nico faillit s’étouffer avec son verre d’eau.  

"Quoi ?! Mais non… C’est des conneries ça, j’ai jamais porté de..." Anissa ne le laissa pas finir.  

"Avec la chaîne dorée !" insista Anissa avec un sourire jusqu'aux oreilles.  

"Je vois pas de quoi vous parlez. Tu dois confondre avec Yann."  

Yann haussa un sourcil, faussement offusqué.  

J’étais le seul du groupe à avoir un minimum de goût vestimentaire. Farès avait le flow, toi t’étais… comment dire… conceptuel."  

Nico grogna, tentant de noyer le sujet sous une nouvelle tournée de boissons.  

Mais c’était trop tard.  

Louise dégaina discrètement la télécommande du boombox caché sous la table. Un vieux beat old school s’élevait dans l’air.  

Quelques têtes se levèrent. Anissa fit mine de ne pas comprendre.  

Yann tapait du doigt sur la table, en rythme.  

Ce son, les trois potes d'enfance ont souvent improviser des battles dessus.  

Le cercle se forme naturellement dans le jardin. Les ados filment déjà avec leurs portables, les adultes rient, les enfants sautent partout.  

Yann ajuste la casquette à l’envers emprunté à l'un des cousins de Louise, les bras croisés. Nico garde ses lunettes de soleil sur le nez, une merguez toujours plantée dans la fourchette alors que Yann commence la battle.  

 

"Il faut l'avouer, t'avais du style,  

Mais le temps passé a fait de toi un fragile.  

Je suis vil comme le Malin,  

Dans cette ville, tu s'ras ma catin.  

J'me souviens d'un gars qui jouait les durs,  

Mais tous les matins, y t'reste que tes courbatures.  

Dans les années 90, t'étais bon, j'te l'accorde,  

Mais aujourd'hui, j'te coince dans les cordes.  

Tu ne pourras rien faire pour esquiver mes revers,  

Comme un rat, tu finiras piétiner par terre."  

 

Tout le monde rit, c'est bon enfant.  

Nico s'apprête à répliquer.  

 

"J'suis l'ancien qui sort du silence,  

pour mettre fin à toutes tes manigances.  

A l'époque t'étais le roi de l'arène,  

Désormais t'es juste un gars qui a la flemme.  

J'regardes et j'vois juste un gars niais qui n'arrête pas de nier.  

Avec ton regard niais, tu ne pourras rien faire pour m'arrêter.  

Tu veux jouer à la star mais tu n'peux pas gérer.  

Comme Joey Starr, tu vas t'égarer.  

Je serais le Didier Morville version 2025,  

Toujours agile, toujours hostile, agissant comme un vaccin.  

Gros, j't'ai assez puni,  

J't'ai mis KO papy,  

Prends ce big flow et au lit."  

Yann explose de rire en prenant son ami dans les bras, Louise sourit alors qu'elle poste la vidéo sur Tik-Tok tout en checkant Anissa.  

 

Le soleil cognait déjà fort sur le petit stade municipal. La pelouse grillait par endroits, les lignes du terrain semblaient s’effacer sous la chaleur, mais Nico, short de sport et sifflet en main, était fidèle au poste. Sur le bord du terrain, il aboyait des consignes avec la voix d’un général en campagne. "Maxime, reviens en défense ! On n'est pas à la plage !"  

 

Un petit groupe d’adolescents, en retard, sortait du vestiaire en riant. Parmi eux, deux joueurs du club qui jouaient habituellement en attaque s’avançaient avec des sourires en coin.  

Nico avait remarqué leur attitude et se demandait pourquoi ils souriaient comme ça. Il ne fit pas plus attention que ça, trop occupé à donner des consignes à ses joueurs mais les multiples éclats de rire et regards vers lui ne lui annonçait rien de bon.  

Intrigué, Nico avança vers le groupe de jeunes et leur demanda ce qui les faisait rire de cette manière.  

"C’est juste que… on a vu une vidéo sur TikTok, hier soir… Et euh… t’étais dedans."  

Nico cligna des yeux, abasourdi par ce qu'il venait d'entendre.  

"C'est quoi ces conneries ?" lâcha-t-il alors que des gouttes perlaient sur son front et ce n'était pas à cause de la chaleur. Nico menaçait ses joueurs de faire plusieurs tours de stades si ils n'arrêtaient pas leur délire.  

Mais les ados n'en avaient rien à faire.  

Un petit attroupement se forma autour du coach. Un autre adolescent avait trouvé une autre vidéo de leur coach mais avec 30 ans de moins. Ce dernier portait un survêt qui était totalement démodé maintenant. En voyant ça, l'un des jeunes n'hésita pas à comparer leur coach à un mix entre un Power Rangers et un vendeur de kebab.  

Les rires fusaient tout autour de Nico qui commençait à perdre le contrôle, le seul moyen pour qu'il reprenne la main sur ses joueurs était de lâcher un clash.  

Nico soupira, les mains sur les hanches. Il jeta un regard noir mais amusé.  

"Vous me cherchez, hein ? Bon… Kevin, c’est toi qui m’as demandé ça ? T’as raté trois passes décisives le week-end dernier, j’te le rappelle ?"  

Il s’éclaircit la gorge, s’avança de quelques pas, et posa un beat imaginaire avec des petits claquements de langue. Puis, tout à coup, sa voix rugit, rythmée, puissante, sans hésitation.  

 

"Yo Kevin, t’es p’t’être rapide mais t’as deux pieds gauches,  

À chaque tir qu’tu fais, j’ai des sueurs froides, c’est moche !  

T’as l’allure d’un buteur, mais le flair d’un plot,  

T'es loin d'être un tueur, tu touches uniquement les poteaux.  

Si j’veux gagner un match, faut qu’je t’mette au repos !"  

 

Nico fit mine de jeter un micro imaginaire à terre. Les ados riaient à plein poumons, certains étaient pratiquement à genoux sur le terrain.  

"Maintenant, entraînement. Et plus jamais de surnom à la con, pigé ?" alors qu'il frappait dans un ballon avec son pied droit.  

"Oui, Coach Rappeur !"  

"Tours de terrain pour tout le monde !" cria-t-il en sifflant frénétiquement.  

Et tandis que les ados partaient en courant à moitié morts de rire, Nico esquissa un sourire en coin. Même s’il râlait, il n’était pas mécontent de voir que ses rimes faisaient encore de l’effet.  

 

 

Le parc était calme en cette fin d’après-midi, baigné par la lumière dorée d’un soleil fatigué. Quelques cris d’enfants résonnaient au loin, mais ici, sur ce vieux banc de bois un peu bancal, tout semblait suspendu. Les feuilles remuaient mollement sous le vent tiède de mai. Yann, les bras croisés, regardait devant lui, fixant sans vraiment les voir les graviers du sentier. Son visage buriné, mangé par une barbe poivre et sel, trahissait une fatigue qui n’avait rien à voir avec l’âge. C’était celle des regrets.  

Anissa était assise à côté de lui, les jambes croisées, une canette de soda entre les mains. Elle jouait avec la languette, regardant Yann du coin de l’œil. Elle avait attendu le bon moment. Elle savait que poser cette question pouvait faire mal. Mais elle en avait besoin. Parce qu’il lui manquait un morceau du puzzle, une pièce de son père.  

Elle tenait une photo de son père, que lui avait donné Louise après l'avoir trouvé dans le grenier après la journée barbecue.  

"Tu n’as jamais vraiment parlé de mon père..." souffla-t-elle.  

Yann hochait lentement la tête, comme si ces mots flottaient dans l’air autour de lui, lourds et doux à la fois.  

Ses yeux, sombres et fatigués, avaient cette lueur étrange qu’ont les gens quand ils revivent quelque chose d’ancien et de précieux. Il prit une inspiration, longue et lente.  

"On a explosé. Trop vite. Ton père voulait grandir. Il voulait signer avec un label, bosser avec des gars de Paris, clipper, investir, percer encore plus haut. Et moi… moi j’avais peur. Peur qu’on se perde dans tout ça. J’voulais qu’on reste nous. Les gars du quartier. Authentiques. Sincères. Il y a eu des mots que je regrettes encore maintenant..."  

Yann regardait le ciel, il cherchait un signe de son pote venant d'un autre monde mais sans succès.  

"On s’est souvent engueulé. Mais ce jour-là, j’ai craqué. Je l’ai traité de vendu. Lui m’a traité de lâche. Il a claqué la porte du studio. Et c’était fini. Il est jamais revenu. Et moi, j’ai jamais osé rappeler. Je regrettes tellement." finissait-il la gorge nouée par l'émotion de retourner à ce point dans le passé mais surtout dans ces douloureux souvenirs.  

Il sortit son téléphone de sa poche. Ses doigts tremblaient à peine. Il fouilla dans ses fichiers audio. Puis tendit doucement l’appareil à Anissa.  

La jeune femme mit ses écouteurs et appuya sur lecture.  

Soudain, son père était à nouveau là.  

Sa voix, rauque, pleine de rage, de douleur, de vérité. Des rimes percutantes, pleines de feu, pleines de rêves, pleines de blessures qu’elle ne connaissait pas. Elle sentit les larmes monter sans pouvoir les retenir. Elle l’écouta jusqu’au bout. Puis elle resta là, un instant, les yeux fermés, les écouteurs encore en place, comme si elle voulait retenir ce souffle de vie, cette empreinte.  

Quand elle les retira, Yann regardait ailleurs. Mais ses yeux brillaient.  

Anissa posa doucement sa tête sur son épaule. Il ne bougea pas, mais elle sentit sa respiration se calmer.  

Ils restèrent là un long moment, assis dans le passé, mais unis dans le présent.  

 

 

Le soleil tapait durement sur la terrasse de Nico. L’odeur du charbon et des merguez grillées se mêlait aux éclats de rire, aux verres qui s’entrechoquent, et aux débats animés qui surgissaient, s’évanouissaient, puis reprenaient aussitôt. L'été était déjà bien avancé dans la saison.  

Louise avait installé une enceinte Bluetooth qui crachait une playlist trap du moment, tout en aidant Anissa à préparer une salade. Enfin, en théorie, car en pratique, elles passaient plus de temps à scroller sur TikTok qu’à couper les tomates.  

Yann ne supportait pas la musique, il estimé que c'était de l'autothune sans aucune saveur, ayant l'impression d'entendre un chat qui miaule tentait de parler pakistanais.  

Louise, outrée, levait les yeux au ciel.  

"T’es sérieux ? Tu vas pas encore nous faire un discours de dinosaure sur le vrai rap ? On connaît par cœur, tonton : les vinyles, les freestyles dans les halls, les casquettes à l’envers et les survêts fluorescents !"  

Nico surgit alors du barbecue, pinces à la main, l’air faussement indigné, le tablier marqué "Roi du Grill". Défendant le style vestimentaire d'une autre époque où le rap avait une vraie signification.  

Anissa et Louise se regardaient avec de grands sourires.  

Les deux filles filèrent en courant, ricanant comme des diablesses.  

Yann se pencha vers Nico.  

"Elles vont tomber sur la veste ?" demanda-t-il d'un air inquiet.  

-"Je crois ouais…"  

-"La violette avec les flammes rouges ?"  

-"Celle-là même."  

Yann lâcha un long soufflement.  

Quelques minutes plus tard, les deux adolescentes revinrent triomphantes.  

Louise portait un bob Kangol ridicule sur la tête et une chaîne en plastique doré. Anissa avait réussi à enfiler la fameuse veste XXL qui lui tombait presque jusqu’aux genoux. Elles marchaient au ralenti, imitant les clips old school.  

Elles avaient trouvé les reliques du hip-hop !  

"Tu parles d’un patrimoine." marmonna Yann en détournant les yeux.  

"On va vous montré comment c'était ! Du vrai rap comme on en fai plus." déclara Nico, piqué dans son orgueil, en prenant son téléphone. Il avait encore quelques contacts pour organiser un événement unique, les papys du rap qui vont faire un retour.  

Yann se leva péniblement, craquant des articulations comme un vieux meuble, il soumit l'idée de prendre Anissa avec eux afin de mêler la nouvelle génération à l'ancienne.  

Cette dernière, gênée, refusa l'idée. Mais Nico était entièrement d'accord avec son pote  

Prendre Anissa avec eux leur permettrait de rendre un dernier hommage à Farès. Conclure une histoire qu'ils avaient débuter il y a trente ans.  

Louise souriait, elle allait inonder Tik-Tok de vidéos virales afin de faire parler d'eux un max dans ce choc des générations.

Scénario : (3 commentaires)
une série B comique (Drame musical) de Malcolm Coogler

Antonio del Monte

Naomie Corner

Chris Abrams

Amy Neil
Musique par Nathan Brook
Sorti le 01 février 2070 (Semaine 3396)
Entrées : 10 766 603
url : http://www.cinejeu.net/index.php?page=p&id=54&unite=fenetre&section=vueFilm&idFilm=26609